lundi 24 mars 2014


Movie Buff #5: La Vérité

Le procès pour meurtre de Dominique (Brigitte Bardot) une jeune femme de 22 ans s’ouvre avec le film. D’emblée, on nous présente une femme scandaleuse pour l'époque (1960), qui ne nie ni le meurtre qu’elle a commis ni le fait d’avoir des mœurs « légères ».  L’accusation note : « elle va dans des cafés et jusqu'à 3 fois par semaine au cinéma, puis naturellement,  elle prend un amant… »  Effectivement, Dominique est sensuelle au possible. Elle reste au lit,  danse nue sous les draps même si elle a de la visite, parle cru, est sexuellement très active. C’est un être complètement guidé par le plaisir, les plaisirs. Elle vit tout simplement comme une femme libre. Elle est issue d’une nouvelle génération complètement en rupture avec celle des barbons et des vieilles bourgeoises qui remplissent le tribunal. Comme le dit Michel, son ami: « elle devrait être jugée par des jeunes ».
Si la cour condamne Dominique pour son oisiveté et son goût pour les bistrots, lieux de perdition où les représentants de jeune génération se retrouvent, c’est qu’elle condamne en fait tous les représentants de la Nouvelle Vague, ces jeunes gens qui fument, dansent, font l’amour, et qui surtout ne « travaillent pas mais pensent ».
La victime du meurtre pour lequel comparaît Dominique, Gilbert (Sami Frey), est d’ailleurs un homme célébré pour son goût du travail acharné, qui veut rester dans les rails d’une vie toute tracée entre succès professionnel et vie de famille en devenant un chef d’orchestre connu et en épousant Annie (magnifique Marie-José Nat), la sœur cadette et sérieuse de Dominique.  Il s’égare pourtant dans les bras de la belle blonde et veut faire d’elle une « femme honnête ». Mais il s’abîme dans une jalousie de plus en plus profonde et dans la frustration de ne pouvoir mettre en cage sa maîtresse, dont la seule raison de vivre est de ne jamais penser au lendemain, mais qui aime follement son Gilbert, à sa façon.
Aucun des deux ne gagne finalement : le procès est annulé à la mort de Dominique et les avocats se serrent la main comme après un match nul au tennis.

Clouzot expose, donc, mais se refuse à juger. Quant au spectateur, il constate simplement qu’une vie heureuse, qu’une vie tout court même, n’est possible pour aucun des protagonistes.  Ni dans la répression de ses désirs et la recherche d’une vie « honnête » et convenue, ni dans la quête inconditionnelle de liberté. Car l’une comme l’autre sont soumises à la réalité de l’existence, à l’amour, au désamour, à l’ennui, à l’égoïsme et à la souffrance.

La Vérité, d'Henri Georges Clouzot, 1960. Avec Brigitte Bardot, Sami Frey, Marie-José Nat...

dimanche 23 mars 2014


Diagnostics. Où l'on apprend que je ne suis pas schizo, mais bipo.

Après avoir beaucoup parlé avec mon psychiatre et l’avoir beaucoup questionné, il a convenu que j’étais effectivement bipolaire.
C’est étrange, les diagnostics. Quand j’ai commencé à sérieusement perdre la tête en 2009, on m’a dit que je souffrais d’un TAG, un « trouble anxieux généralisé ». Je fus traitée en conséquence, même après ma tentative de suicide de 2011 et durant les trois semaines d’hospitalisation qui suivirent. 
Pendant la semaine de sevrage forcé qui précéda mon entrée à la clinique, je me mis à raconter des histoires sans queue ni tête : j’avais compris la Bible, je saisissais totalement l’essence profonde de l’être humain. Bien sûr je ne me souviens absolument pas de ce que j’ai pu dire. Je me souviens juste des regards de ma mère et de ma sœur, aussi blasés que mortifiés. 
Une fois à l’hôpital, je me mis à raconter à ma psy et à mon infirmière une autre histoire que j’avais déjà racontée plusieurs fois à A. A mesure que j’en faisais le récit, elle devenait plus noire et plus précise. Je parlai de l’agression d’un instituteur subie à l’âge de 7/8 ans. Poussée par A. et par ma propre conviction, je décidai de la raconter à mon psychiatre à ma sortie de l’hôpital. 
Mais lorsque que les vapeurs de mon acte suicidaire et du sevrage qui suivit se dissipèrent, je commençai à me rendre compte que le viol que je pensais avoir subi n’avait en fait jamais eu lieu. J’étais complètement mortifiée, je pensais perdre totalement la raison, je ne pouvais expliquer comment j’étais parvenue à me convaincre aussi parfaitement et avec force détails de quelque-chose qui ne s’était jamais produit. J’ai donc avoué à A., puis à mon psychiatre, mon invention.

 Je suis persuadée aujourd’hui que c’est cet aveu couplé avec l’antipsychotique donné par un autre psychiatre à N. pour juguler ma mélancolie (l’état le plus profond de la dépression) qui a fait penser à mon psy que j’étais atteinte de schizophrénie. Le médicament que je prenais et prend encore est effectivement utilisé dans le traitement de la schizophrénie… Et des troubles bipolaires.
Je pense aussi que cette seule et unique « bouffée délirante», si j’ose dire, fut le résultat d’une succession d’épreuves psychologiques assez insoutenables: un épisode anxieux suivi d’une tentative de suicide avec absorption massive de médicaments, un sevrage total d’une semaine avant une hospitalisation de trois semaines pendant laquelle j’ai été traitée pour un TAG, ce qui implique une prise de médicaments inefficace  et bien plus légère que ce à quoi mon corps et mon cerveau étaient habitués.  Voilà des douleurs qui feraient perdre la raison à beaucoup. J’ai d’autre part entendu dire que les bipolaires, au plus fort de la souffrance mentale, pouvaient être victimes d’hallucinations.

Vint ensuite la période de totale mélancolie à la fin de l’hospitalisation, période de quatre mois environ durant lesquels je fus prisonnière de mes tourments, malgré le dévouement total d’A. qui prit le relais de mes parents, dépassés. Jusqu’à ce psychiatre à N. qui décida de me traiter au Xeroquel, ce fameux médicament que je prends encore aujourd’hui, celui grâce auquel j’ai enfin entrevu une lumière au bout de six mois de souffrance insupportable. Le traitement au Xeroquel fut donc adopté par mon psy de B. quand je revins y vivre et mon état s’améliora tout doucement.

Cette longue digression pour dire qu’il est très difficile d’établir un diagnostic de bipolarité, les symptômes étant souvent les mêmes que ceux d’une myriade d’autres troubles mentaux. Comme mon psy m’a confié avec un brin de malice: « on dit souvent que pour diagnostiquer un trouble bipolaire il faut huit ans et huit psychiatres. »  Il m’aura fallu cinq ans et trois psychiatres, et je me garderai bien de dire que l’aventure est enfin terminée.


samedi 22 mars 2014


Bipolarité vs. Schizophrénie

L’autre soir, j’ai vu deux documentaires sur France 5. L’un sur les bipolaires, l’autre sur les schizophrènes. J’ai pleuré tout le long du premier en ayant l’impression de m’entendre, de me voir, en me rendant compte que je pouvais faire miens les mots de chacun des cinq intervenants. Sur l’angoisse, la lucidité face à la maladie qui nous frappe, les descriptions si justes. Le lit comme refuge et tombeau, l’impossibilité physique de faire le ménage, d’ouvrir le courrier ou de se regarder dans la glace.  La tentation, au plus fort de la mélancolie, de faire sous soi parce qu’on a pas la force d’aller se  soulager. Combien de fois je me suis retenue d’aller aux toilettes parce que je n’avais même pas la force de tenir sur mes deux pieds. 
Les pensées suicidaires aussi, les scenari qui nous hantent, l’envie de mourir aussi présente que celle de manger sans s’arrêter. L’auto-agression, qui va des petites coupures faites aux ciseaux sur son poignet le soir juste avant de partir à Londres,  à l’engloutissement de pilules « organisé » ou l’on frôle le point de non-retour. La tentative de suicide en 2011 appelée tentative seulement parce qu’elle a raté, et pas parce qu’elle se voulait tentative. Et depuis, le sentiment, que dis-je la certitude qu’être suicidaire est un état qui va avec une maladie. Je sais que je serai toujours suicidaire, là je suis juste « sobre ». Le suicidaire est comme un alcoolique qui ne boit pas. Je sais que si je n’étais pas sous médicaments cette pulsion reprendrait vite le dessus. 
La haine de soi est mon quotidien, a l’instar de cette dame qui dit ne pas supporter son physique à cause du surpoids dû aux médicaments et à l’hyperphagie qu’ils entraînent. « Je n’allume même pas la lumière quand je vais me laver les mains » dit-elle. Par dégoût de voir son reflet dans la glace. Comme je le connais ce putain de dégout, ce goût de moisissure dans la bouche, ce désespoir de ne pas arriver à se penser comme « entière », au point d’avoir peur de se couper les ongles. Ne même pas avoir la force de laver ce corps que l’on trouve sale parce que gros, parce que marbré de vergetures parce que disproportionné, parce qu’abritant un esprit malade. Je connais tout ça, et je peux l’exprimer, je peux me souvenir de l’état second au plus fort de la mélancolie. Et si j’étais bipolaire ? Et si mes phases maniaques étaient moins marquées que chez d’autres ? Et si elles s’exprimaient par un retour à la normale, à la capacité de pouvoir faire des choses plus que par une rupture bien définie ? Serait-ce possible ?

Car je n’ai rien ressenti en regardant le reportage sur les schizophrènes.  Même devant ce jeune homme qui vivait tout seul, n’étant touché que « légèrement » par la maladie bien qu’handicapé par celle-ci. Je n’ai pas versé une seule larme pour celui qu’on avait sous-titré tellement ses phrases étaient incompréhensibles, qui pouvait rester des heures sans bouger ni parler puis soudainement se lever pour sortir… Il semblait ailleurs, il ne verbalisait rien sur son affliction. La caméra filmait son œil vide, indifférent au monde, qui ne s’allumait que quand il parlait de ses phasmes, ces insectes qui ressemblent à des brindilles ou des feuilles. Quand le journaliste l’a interrogé sur cet amour inconditionnel, il a répondu qu’il aimait « le mimétisme ». J’ai cru qu’il parlait du mimétisme entre la bête et lui-même alors qu’il parlait du mimétisme entre la bête et la plante. Ce garçon ne faisait pas de second degré. Il en semblait incapable.

Or chez-moi, c’est tout l’inverse : je me bats sans arrêt pour ma santé mentale, pour mon second degré, pour ma lucidité. Je veux tout comprendre, je verbalise tout et j’essaie de tout expliquer. Mon esprit et mon corps ne sont pas dans cette errance qui semble caractériser les schizophrènes. Mon esprit et mon corps ne trouvent pas le repos, c’est différent. Et cela ressemble bien plus, à mon sens, au tourment des bipolaires.

lundi 17 mars 2014


La vraie visite de Mme C., où la mégère n'est pas celle que l'on croit

Bon. Il n’y a eu aucune désapprobation silencieuse de la part de Mme C. et de ses deux acolytes. Au pire il y a eu une ombre de moquerie dans le regard de l’acolyte femelle lorsqu’A. a expliqué que mon plafond n’avait jamais été repeint après le dégât des eaux de juin dernier et que le vieux radiateur de l’entrée était bloqué sur thermostat 5 et que du coup pour me chauffer c’était « 5 ou rien » et donc ça revenait cher. Bref, qu’il fallait faire remonter tout cela à la propriétaire, « parce que vous comprenez, rien n’est fait. » J’ai eu peur un instant que A. ne sorte de ses gonds mais il est resté parfaitement courtois. Acolyte mâle a laconiquement répondu « j’en parle à ma collègue » et est ressorti de l’appartement.
Je suis sûre que j’aurais des nouvelles de l’agence genre… Jamais.
Mais ce qui mérite vraiment d’être mentionné, c’est que mon A. est venu spécialement de N. pour m’aider à récurer l’appart, ou plutôt pour le récurer tout seul pendant que je m’évanouissais de stress parce qu’il TOUCHAIT mes affaires. Et qu’en bonne Madame de Récamier en manque de sels, je lui fasse une scène pas possible parce qu’il avait nettoyé mon pèse-personne à l’eau savonneuse et à la serpillère, et non avec une lingette désinfectante…  Et sans préalablement enlever « la poussière qui colle » (sic) avec une lingette dépoussiérante.  
J’ai honte. De. Moi.Vraiment.
Quoi qu’il en soit, il s’est drapé dans son calme olympien habituel, m’a traitée d’emmerdeuse et a fini le ménage. Quand j’ai eût fini d’être une parfaite connasse je l’ai embrassé partout en lui chuchotant « mille mercis ». Sur ce il a dit : « va te laver chieuse, pendant ce temps je vais chercher du McDo ». *_*
Cet homme est parfait.
On a mangé nos burgers et les trois gus de l’agence se sont pointés, ont passé une minute trente à mesurer mon appart, noter qu’il possédait une cheminée et un balconnet et sont partis aussitôt. Je n’ai même pas eu le temps de m’angoisser, et je doute qu’ils aient eu le temps de condamner une quelconque pestilence de ma part dans leur for intérieur.
A. m’a ensuite emmenée faire les courses parce que a) yavait plus rien dans mon frigo vu que je vis de pelures de pommes et de Coca Zero b) c’est dur de porter mon caddie toute seule dans l’escalier. Enfin, A. est reparti et je me suis rendue compte que pour faire 400km dans la journée pour nettoyer mon studio, me nourrir et me prendre tendrement dans ses bras, il devait sacrément m’aimer celui-là.
Cette petite histoire me fait me rendre compte qu’il est difficile pour moi, voir absolument affreux de me rendre compte que je peux me comporter comme une parfaite connasse, péter les plombs pour un rien, devenir la pire mégère que la Terre ait jamais porté.  Pourtant c’est ce qui m’arrive, souvent, à intervalles parfaitement réguliers. Je me transforme en une hydre assoiffée de sang, remplie de rage, avide de me repaître de A. Je lui hurle dessus, le culpabilise, l’insulte et le menace. J’essaie même sur lui le chantage le plus abject, celui du suicide. Je ne sais pas pourquoi il y a tant de rage en moi, et surtout pourquoi cette rage est dirigée contre lui, alors qu’il est l’objet de mon amour, alors que je l’aime du plus profond de mon être et que j’ai la plus grande admiration pour lui. A. est un homme d’une telle dignité, d’une telle gentillesse ! Il est toujours là pour moi, toujours fiable et prêt à voir le verre à moitié plein, voire entièrement plein. Il me connaît par cœur et m’aime malgré cela. S’il supporte mes accès de colère et me pardonne toujours c’est qu’il se rend compte, dans sa très grande intelligence, que tous mes abus sont l’œuvre de la maladie, cette chienne à deux têtes. L’une douce, drôle, cultivée, gentille et reconnaissante, l’autre qui vomit les flammes de l’enfer et jubilerait presque à faire du mal à celui qui donnerait tout l’or du monde pour que sa compagne soit juste bien, quoi.

dimanche 16 mars 2014


La visite de Mme C.

Aujourd'hui encore ce fut une journée pourrie, ce ne fut même pas une journée à proprement parler... Je me suis réveillée super tard, même plus que super tard: sérieux 19h c'est carrément risible! En plus c'est pas comme si j'en avais besoin, je suis sensée nettoyer mon repaire de crackhead,  car Mme C. de l'agence immobilière vient pour "estimer le bien" de ma proprio et putain je déteste avoir quelqu'un chez moi, je déteste ça encore plus parce que je n'arrive pas à rendre propre ces putains de 28m2 et que je ne sais pas POURQUOI c'est aussi dur, ni pourquoi c'est aussi important pour moi. Après tout il y a bien des souillons de part le monde, des gens malades et handicapés comme moi ou même des gens parfaitement sains d'esprit pour qui la propreté de leur appart n'est pas quelque-chose d'essentiel. Et ces gens s'en sortent très bien. Se foutent de ne pas être élus "ménagère de l'année", ne se foutent pas la rate au court-bouillon parce qu'une une employée de l'agence immobilière locale remarquera le poil de cul dans la baignoire. J'envie ces gens, oui je vous envie tous autant que vous êtes, parce que vous vous inquiétez seulement de choses objectivement inquiétantes et que vous vous carrez au cul, sans même vous en rendre compte, tous les jugements potentiels de personnes qui ne traversent votre vie que genre, 5 minutes. Soyez bénis.
Parce que moi, j'ai l'impression que le jugement n'est pas potentiel mais bien réel et qu'il va sortir de la bouche de l'inconnue tel un flot divin et s'abattre sur moi sous la forme de remarques perfides, sifflantes, auxquelles je ne pourrais pas répondre, desquelles je ne pourrais pas me défendre. Parce que j'ai un putain d'esprit d'escalier. Eh non, la répartie c'est pas mon fort. Et ça me fout la trouille, et je ne peux pas m'empêcher d'appréhender ce moment, ces 5 petites minutes d'inspection comme une folle. C'est marrant d'utiliser cette expression, "comme une folle". C'est exactement, précisément ce que je suis et serai toujours, putain de merde.
Quoi qu'il en soit, même si Mme C. est particulièrement bien élevée et ne me vomit pas mon incompétence ménagère au visage, il y aura ce fameux reproche silencieux que je sentirai de toute façon. Et ce, même si la femme qui va inspecter mon appartement durant 5 minutes donc, ne pensera à rien d'autre qu'à son prochain rendez-vous pro ou au dîner qu'elle va préparer le soir même pour son mari et son fils: "un velouté aux poireaux ça serait super mais est-ce que Léo aime les poireaux? Au pire je lui prendrai des nuggets"
Elle va peut-être se dire "c'est un peu sale ici, un  peu poussiéreux, les joints de la douche ne sont pas nickels et il y a quelques cartons qui traînent" et puis elle va penser à son velouté aux poireaux et à sa collègue Jeanne qui décidément est une sale truie, on peut pas lui faire confiance, elle est jalouse et mal baisée cette femme.
Et moi, esprit malade, je vais enregistrer toutes les ombres qui passeront dans ses jolis yeux bleus (oui dans mon esprit elle a des yeux bleus et de longs cheveux auburn et elle a 35 ans au plus et c'est un putain de canon). Donc quand toutes ses pensées à elle ombreront ses jolis yeux je ramènerai tout à moi et je me sentirai honteuse et nulle et mise à nu parce que mon appartement ne ressemble pas à une photo de Design Sponge ou de Elle Décoration. Et sa désapprobation silencieuse, réelle ou inventée, me coupera de mille entailles aussi invisibles que douloureuses. Et il n'y a rien que je puisse faire pour empêcher ça.

samedi 15 mars 2014


Triste et Crasse

J'ai la schizophrénie triste et crasse aujourd'hui. Je suis encore en pyj', j'ai bouffé du riz datant d'hier soir directement dans la casserole, qui gît maintenant sur un pouf. Et c'est dégueu, je le savais avant d'y mettre ma fourchette. Mon appart est sale, cradingue on dirait un repaire de crackhead. Pourtant je ne fume pas de crack, non moi ma drogue c'est Prozac, Seresta et Xéroquel, aka le traitement de base, MON traitement de base de la petite sirène schizo que je suis. Je viens de poster des photos de mon appart en bordel sur Facebook, je crois que j'ai affolé ma soeur, qui a affolé ma mère, qui vient d'essayer de m'appeler. En général elle appelle quand elle sait que je suis flippée ou quand je viens de l'appeler pour lui dire de m'appeler. Ah, un message vocal probablement long comme le bras. (Hello maman). J'ai pas envie d'écouter c'est mal?
La brève du jour ça devait être "j'ai fait sursauter mon lapin en échappant une petite cuillère sur le clavier de mon ordi, haha, hahahaha, trop drôle #lapinepeureuse"
Mais on est d'accord, "aujourd'hui j'ai la schizphrénie triste et crasse" c'est quand-même beaucoup mieux, ça claque davantage, ça fait edgy. Alors que c'est juste la misère mais il paraît qu'il faut que j'assume, que j'accepte, je suis malade quoi. Et pour toute ma vie. Et ça fait chier, ya des jours c'est insupportable. Un peu comme aujourd'hui. 
*grognements comme Adam dans Girls*