lundi 17 mars 2014


La vraie visite de Mme C., où la mégère n'est pas celle que l'on croit

Bon. Il n’y a eu aucune désapprobation silencieuse de la part de Mme C. et de ses deux acolytes. Au pire il y a eu une ombre de moquerie dans le regard de l’acolyte femelle lorsqu’A. a expliqué que mon plafond n’avait jamais été repeint après le dégât des eaux de juin dernier et que le vieux radiateur de l’entrée était bloqué sur thermostat 5 et que du coup pour me chauffer c’était « 5 ou rien » et donc ça revenait cher. Bref, qu’il fallait faire remonter tout cela à la propriétaire, « parce que vous comprenez, rien n’est fait. » J’ai eu peur un instant que A. ne sorte de ses gonds mais il est resté parfaitement courtois. Acolyte mâle a laconiquement répondu « j’en parle à ma collègue » et est ressorti de l’appartement.
Je suis sûre que j’aurais des nouvelles de l’agence genre… Jamais.
Mais ce qui mérite vraiment d’être mentionné, c’est que mon A. est venu spécialement de N. pour m’aider à récurer l’appart, ou plutôt pour le récurer tout seul pendant que je m’évanouissais de stress parce qu’il TOUCHAIT mes affaires. Et qu’en bonne Madame de Récamier en manque de sels, je lui fasse une scène pas possible parce qu’il avait nettoyé mon pèse-personne à l’eau savonneuse et à la serpillère, et non avec une lingette désinfectante…  Et sans préalablement enlever « la poussière qui colle » (sic) avec une lingette dépoussiérante.  
J’ai honte. De. Moi.Vraiment.
Quoi qu’il en soit, il s’est drapé dans son calme olympien habituel, m’a traitée d’emmerdeuse et a fini le ménage. Quand j’ai eût fini d’être une parfaite connasse je l’ai embrassé partout en lui chuchotant « mille mercis ». Sur ce il a dit : « va te laver chieuse, pendant ce temps je vais chercher du McDo ». *_*
Cet homme est parfait.
On a mangé nos burgers et les trois gus de l’agence se sont pointés, ont passé une minute trente à mesurer mon appart, noter qu’il possédait une cheminée et un balconnet et sont partis aussitôt. Je n’ai même pas eu le temps de m’angoisser, et je doute qu’ils aient eu le temps de condamner une quelconque pestilence de ma part dans leur for intérieur.
A. m’a ensuite emmenée faire les courses parce que a) yavait plus rien dans mon frigo vu que je vis de pelures de pommes et de Coca Zero b) c’est dur de porter mon caddie toute seule dans l’escalier. Enfin, A. est reparti et je me suis rendue compte que pour faire 400km dans la journée pour nettoyer mon studio, me nourrir et me prendre tendrement dans ses bras, il devait sacrément m’aimer celui-là.
Cette petite histoire me fait me rendre compte qu’il est difficile pour moi, voir absolument affreux de me rendre compte que je peux me comporter comme une parfaite connasse, péter les plombs pour un rien, devenir la pire mégère que la Terre ait jamais porté.  Pourtant c’est ce qui m’arrive, souvent, à intervalles parfaitement réguliers. Je me transforme en une hydre assoiffée de sang, remplie de rage, avide de me repaître de A. Je lui hurle dessus, le culpabilise, l’insulte et le menace. J’essaie même sur lui le chantage le plus abject, celui du suicide. Je ne sais pas pourquoi il y a tant de rage en moi, et surtout pourquoi cette rage est dirigée contre lui, alors qu’il est l’objet de mon amour, alors que je l’aime du plus profond de mon être et que j’ai la plus grande admiration pour lui. A. est un homme d’une telle dignité, d’une telle gentillesse ! Il est toujours là pour moi, toujours fiable et prêt à voir le verre à moitié plein, voire entièrement plein. Il me connaît par cœur et m’aime malgré cela. S’il supporte mes accès de colère et me pardonne toujours c’est qu’il se rend compte, dans sa très grande intelligence, que tous mes abus sont l’œuvre de la maladie, cette chienne à deux têtes. L’une douce, drôle, cultivée, gentille et reconnaissante, l’autre qui vomit les flammes de l’enfer et jubilerait presque à faire du mal à celui qui donnerait tout l’or du monde pour que sa compagne soit juste bien, quoi.

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